L’appareillage des cages en Outaouais
LES GIGANTESQUES RADEAUX DE BOIS
Le voyage du premier train de bois équarri (1806) jusqu’à Québec propulse la région de l’Outaouais en centre névralgique pour approvisionner la flotte navale anglaise en bois de mâture. Le trafic maritime des cages de bois prospère avec l’aménagement du premier glissoir à radeaux (1829) contournant le gouffre des Chaudières à Wright’s Town.
Le courant du droit
« À cause du caractère de nos grands bois canadiens » [J. C. Taché, 1884], les cours d’eau ont constitué la meilleure voie de commerce pour le bois équarri. Les cageux (raftsmen) ont navigué les trains de bois composés des cribes de l’Outaouais ou des drames du lac Ontario jusqu’aux anses de Québec.
Les signes prééminents de la navigation industrielle sur nos cours d’eau se manifestent par la grande mouvance du bois d’exportation en réaction au blocus de Napoléon. Dans la tradition civiliste, le mot navigabilité est de grande importance, car les lits et atterrages des rivières flottables et navigables font communément partie du domaine public [Y. M. Kiera, 2007]. Nos archives judiciaires regorgent d’informations historiques précises sur le convoyage des trains de bois. Dans l’arrêt phare Hurdman c. Thompson [1895 4 BR 409], la rivière des Outaouais est ainsi adjugée navigable sur son parcours « d’au-delà de deux cents lieues de rivière » puisque « la flottaison des trains de bois a été pratiquée » grâce au système profitable de glissoirs où en aval les cageux reformaient la cage équipée de mâts, voiles, ancres, rames, etc.
Cageux en Chasse-galerie
Honoré Beaugrand (1848-1906) a réussi son pari en publiant cette rôdeuse d’histoire, La Chasse-galerie. Contemporain de l’ère des cageux, l’homme de lettres atteste « avoir rencontré plus d’un vieux voyageur qui affirmait avoir vu voguer dans les airs des canots d’écorce ». Alors que cette légende prend son envol en Outaouais, il faut savoir que le trajet surnaturel du canot « correspond à celui que suivent les cages » dit François Richard (1989).
À la veille du jour de l’an 1858, les gens de chantier fixent du regard Joe le cook : « Ce que je vais vous raconter là se passait aux jours de ma jeunesse quand je ne craignais ni Dieu ni diable. C’était un soir comme celui-ci, il y a de cela 34 ou 35 ans ». Ce récit fabuleux met en scène des bûcherons, tout autant cageux, vers 1823-1824. Depuis 200 ans, cette grande légende est au cœur du Mythe forestier québécois !
Montferrand, Roi des cageux
Guide expérimenté de cages, Jos Montferrand (1802-1864) est une figure centrale dans l’univers maritime des cageux. Par son sang-froid et sa force redoutable, Montferrand marque plusieurs exploits qui façonnent sa stature héroïque. Pendant deux décennies, ce voyageur infatigable fend les flots des Outaouais et du Saint-Laurent à bord d’immenses cages de 500 m sur 60 m où il dirige un équipage de 80 cageux.
Le légendaire Montferrand vient d’être couronné du titre de personnage historique par le ministre d’État à la Culture du Québec. La Maison des Cageux a piloté avec succès cette proposition qui a reçu le soutien des SHFQ et SHO. Le 225e anniversaire de la naissance de notre géant offrira en 2027 un espace de célébration nationale !
Isabelle Regout et Alexandre Pampalon Cofondateurs de la Maison des Cageux Experts de l’ère des cages
Musée de Cageux du fleuve Saint-Laurent
383 rue Notre-Dame, Lanoraie
www.maisondescageux.com
info@maisondescageux.com